Mise au point sur le Mariage de Figaro
Jean-Damien Mazaré
Mise au point sur le Mariage de Figaro Trois éléments sont problématiques chez Beaumarchais : - la question du genre - la question de l’idéologie - la question du système dramatique (qu’est-ce qui compose le langage dramatique ?) La question du genre : Le Mariage puise à la source particulière de la parade : la parade est une courte pièce (longue saynète) que l’on joue dans les foires ou à l’extérieur du théâtre, sur le balcon, pour alléguer ou aguicher le spectateur. Dans ces pièces, on a souvent des paysans en train de s’insulter à coup de mots grossiers, ou bien en train de se séduire avec un langage qui peut être pris dans un sens grivois. Il s’agit la plupart du temps d’improvisation à partir d’un canevas, à la manière de la commedia dell’arte. La parade a fait son entrée dans les grands salons aristocratiques au dix- huitième siècle, comme dans le salon du fils du Régent. Les aristocratiques regardent et s’amusent à voir des comédiens jouer les rustauds, s’insulter, se draguer. Beaumarchais a écrit un certain nombre de pièces se rapprochant du genre de la parade, comme Jean Bête. La différence avec la comédie classique est notable : l’intrigue présente peu d’intérêts, tout passe par le langage très stylisé (les « parlures » paysannes, bien plus travaillées que chez les paysans de Molière), par les doubles sens. La parade est une sorte de mascarade ou de bouffonnerie généralisée : on donne à voir des gens du peuple à des aristocrates.