Le Mythe de Don Juan
Catherine Bouscharain
Le mythe de Don Juan Catherine Bouscharain, professeur de Lettres Classiques Le nom de Don Juan est entré dans la langue française et désigne désormais un libertin et un séducteur. Mais si Don Juan n’était qu’un séducteur, ce serait un type humain et non un mythe. En fait, c’est un personnage imaginaire dont plusieurs traits correspondent à des préoccupations profondes de l’homme et son histoire constitue un mythe qui a beaucoup évolué au cours des siècles. Origines du mythe Le jeune homme et le mort Un jeune homme passe de nuit près d’un cimetière ou sur une tombe ou devant un gibet, ou heurte dans un chemin creux une tête de mort (le motif de la statue de pierre reste rare). Dans un accès de gaieté avinée ou de bravade, le noctambule invite le mort à souper chez lui, parfois à honorer son repas de noces. Au jour dit, l’invité funèbre frappe à la porte, entre, s’installe et invite à son tour son hôte. Que ce soit par étourderie ou par goût du blasphème, le jeune homme s’est attiré un châtiment pour infraction grave à la loi qui sépare les morts et les vivants. Il y a sacrilège à franchir frauduleusement le seuil du sacré. Le dénouement varie : ou le jeune homme reçoit un avertissement, ou il échappe à la haine du mort grâce à une intervention surnaturelle, ou il meurt au cours du repas funèbre. On voit donc l’importance de la rencontre avec le mort et c’est un élément constitutif du mythe. Tirso de Molina En 1630 Tirso de Molina crée un Don Juan baroque.